Créer un site internet

Rencontre avec Marine de Missolz et Hervé Guilloteau, Le Camion, TNS

Rencontre avec Marine de Missolz et Hervé Guilloteau, TNS, 20 septembre 2017

Rencontre des élèves de première spécialité théâtre du lycée international  avec Marine de Missolz et Hervé Guilloteau autour du spectacle Le Camion, TNS, 20 septembre 2017

Missolz

 

Pourquoi partir du scénario de ce film de Duras pour en faire un spectacle

Il y a quelque chose de très juste sur le désenchantement du monde, mais aussi, une forme d'espérance, dans ce " Que le monde aille à sa perte" qu'elle y énonce. C'est pour moi l'idée que quelque chose d'autre que ce monde là, en échec, peut advenir.

Et puis il y a une forme de théâtraité évidente à la lecture. Le fait de partir de ce scénario permettait aussi , au plateau, aux trois acteurs de multiplier les statuts: à la fois comédiens, auteurs, acteurs incarnant, individus. Le tout étant créateur de jeu: l'énonciation au conditionnel de Duras est proche de celle des jeux d'enfants: "on jouerait à "

 

Pourquoi l'apparition de cette scène étrange des chevaliers au milieu du spectacle?

Marine de Missolz : Duras dénonce dans son film l'aveuglement terrible des militants du PCF de l'époque. Ce qu'elle raconte du comportement de ces militants n'est pas si éloigné du comportement des chevaliers médiévaux  envoyés au combat sans réellement savoir pourquoi ils y allaient. Il y a avait aussi l'envie d'un décalage comique à cet instant du spectacle.

 

Quel est le sens à  la chorégraphie interprétée à trois ?

Marine de Missolz: J'ai senti qu'il fallait des moments de respiration sans texte dans le spectacle. Là encore, nous sommes partis sur l'idée d'un décalage, en se fondant sur les chorégraphies un peu grotesques des boys bands des années 90. En répétition ,Hervé a lancé la chorégraphie des 2 be 3 mais totalement dérythmée, et il y avait là une tristesse , un désenchantement proche de celui du Camion de Duras.

 

Le rythme plus lent au début du spectacle est-il délibéré ?

Marine de Missolz: Oui, il permet de prendre le temps d'installer la situation.

 

La  scène de l'Orangina ? Celle de la cuisse de poulet, quel  sens y mettre?

Hervé Guilloteau: Si on tente une situation, une situation décalée comme celle des chevaliers, autant la pousser jusqu'au bout, ne pas aller dans le demi-mesure. C'est perpétuer l'enfance , d'une certaine manière, en étant complètement dans la proposition de jeu, ce qui rejoint un des enjeux principaux du travail de comédien.

 

Pourquoi choisir un homme pour interpréter la figure de Duras ?

Marine de Missolz: Je souhaitais créer une forme d'embarras à devoir porter cela pour les comédiens, pour cette bande de garçons. Je leur ai d'ailleurs demandé de chercher des références de bandes de garçons  dans toutes formes de supports, ciné, bd , etc...

Hervé Guilloteau  : De ce fait, il est difficile de s'accrocher à quelque chose de confortable, de connu, de facile. Lors d'une représentation, nous nous sommes sentis en confort sur le plateau, mais ce n'était pas intéressant du point de vue de Marine. Elle recherchait autre chose

Marine de Missolz: C'est sans doute lié à mon rapport au monde. Je ne cherche pas à savoir comment les choses fonctionnent

Hervé Guilloteau  :  Il a été difficile pour nous de nous défaire de Duras, de sa voix, de la place immense occupée par elle de son vivant. Au début, nous parlions tous  comme elle !

 

La danse du troisième personnage, que signifie -t-elle?

Marine de Missolz: C'est possiblement la reconstitution de ce qu'il a traversé,  au moins pour  une partie de sa chorégraphie.

Mais sans doute a-t-on encore à clarifier cette partition, de la même manière que nous avons à clarifier, à affirmer davantage la question de l'humour dans le spectacle, à la rendre plus lisible, plus accessible.

Date de dernière mise à jour : 22/09/2017

Ajouter un commentaire

Anti-spam