Méthode analyse de spectacle

Méthodologie de l’analyse de spectacle

Ces éléments d’analyse permettent d’orienter le questionnement et la qualité du regard et de l’écoute pendant le spectacle. Il s’agit ensuite de les mettre en forme dans un devoir comportant une introduction, un développement composé de plusieurs parties, et une conclusion

L’introduction rappelle le titre du spectacle, l’auteur, , la fable  ou le propos en quelques mots, le metteur en scène, le moment et le lieu où le spectacle a été vu.

Elle comporte une problématique qui inclue la notion de représentation ( afin d’éviter de faire un analyse uniquement littéraire de l’œuvre)

Ex : Comment , dans sa mise en scène, Stanislas Nordey arrive-t-il à représenter… »

 

Le développement

Il comporte, pour une analyse de spectacle complète, plusieurs parties, en général quatre,  elles-mêmes subdivisées en sous- parties

 

I. L’espace scénique, la lumière, le son, la vidéo

 

L’espace scénique

Décrivez les lignes, structures, proportions, l’inscription dans la cage de scène ; espace ouvert-fermé, vaste-réduit, hauteur-profondeur. Comment sont travaillés le sol, les murs, le plafond ? L’espace est-il encombré, vide, minimaliste ? Quels sont les éléments qui le composent ? Quelles sont les formes, les matières, les couleurs ?  Quelle est leur fonction ?

L’espace est-il unique ou évolutif ? A quoi correspondent ces transformations ? Se transforment-elles ? Qu’évoquent-elles ? Y a-t-il évocation d’un hors-scène ? Comment ?

S’agit-il d’un espace naturaliste, réaliste qui tente de recréer l’illusion du réel, symboliste, c’est-à-dire qui suggère simplement, vide, qui affiche la théâtralité ?  Un mix de plusieurs de ces tendances ?

N’oubliez pas d’utiliser les termes du théâtre

- à cour et à jardin

- au lointain et à l’avant-scène ( ou à la face)

N’oubliez pas de nommer le scénographe

La lumière : observer les sources de lumière ( ne pas utiliser le terme de « spot », parler de « sources »), leur qualité et leur fonction. Description des effets de lumière, des couleurs (chaudes, froides), de l’intensité. Plein-feu, clair-obscur. Ombre(s), obscurité.  Rapport avec la temporalité (effet d’aube, de plein soleil, de crépuscule, de nuit,…). En quoi la lumière crée-t-elle un climat ? Quel est son rôle : éclairer, suggérer, commenter les actions ? Isoler un acteur ou un élément sur scène ? Rythmer la représentation ? N’oubliez pas de nommer le créateur lumière

Le son : Comment et où les sources sonores sont-elles produites (en direct ou enregistrées) ? Musique, bruits (directs ou off ?).  S’il y a des musiciens, comment se situent-ils par rapport aux acteurs et aux spectateurs ? Quels sont les instruments ? Montage de sons, superpositions, cris, chuchotements, souffles. Utilisation de micros ? Travail du (des) silences(s). A quels moments le son intervient-il ? Quel est son rôle : créer une atmosphère, illustrer, souligner un moment de jeu, ponctuer la mise en scène (pauses, transitions, rythme), créer un effet d’étrangeté ?

N’oubliez pas de nommer le créateur sonore

L’image, la vidéo : Type et support de projection (cyclorama, tulle, paroi, objet, corps) ? L’image est-elle en prise directe ou préalablement enregistrée ? Sa présence est-elle continue, ponctuelle ? Rapport à l’acteur ? A-t-elle une fonction illustrative, symbolique ?

N’oubliez pas de nommer le dessinateur ou le vidéaste

 

 

 

 

II. Le jeu d’acteur

La présence vivante des acteurs permet le déploiement de l’espace et construit la théâtralité.

La distribution (nommer les acteurs dont vous parlez) : observer le groupe des acteurs, les choix de distribution, oppositions et ressemblances, sexe, âge, physique.  Y a -t-il des types de voix singuliers ? Y a-t-il des chœurs ? (Si l’équipe est nombreuse, s’attacher plus particulièrement à deux ou trois acteurs et les observer plus précisément). Toujours distinguer acteur et personnage !

Les costumes, masques, maquillages, perruques, postiches, accessoires de jeu : (ils font partie aussi de la scénographie  et des objets scéniques) : matière, coupe, couleur, références (milieu social, époque),  modifications, éléments  remarquables. Peut-on percevoir une intention particulière (réaliste, poétique, symbolique) ? Peut-on mettre en évidence un système d’harmonie ou d’opposition ? Cachent-ils le corps, le mettent-ils en valeur, le transforment-ils ? Nudité ? Effets ? Evoluent-ils durant le spectacle

 

Les codes de jeu : discret, retenu, neutre, exagéré, caricatural… Réaliste, expressionniste, symboliste ? Jeu de clown, farce, burlesque, commedia dell’arte, tragique, vaudeville, jeu distancié, codes orientaux, référence aux marionnettes, au cinéma, à la B.D., etc

Le corps et la voix:

gestuelle, démarches, postures, mimiques, transformations, danse, mime, etc.

voix chaude, aiguë, grave, métallique,  travail de la diction et du phrasé, rythme de la parole, voix sonorisée, variations  (accentuation, effacement, cri, chuchotement, silence)

Rapport de l’acteur et du groupe : Quels rapports entre les acteurs sur le plateau (proches, distants), quelle occupation du plateau ?

Inscription des acteurs dans l’espace : les acteurs occupent-ils l’espace scénique au moment où les spectateurs entrent dans l’espace théâtral ? Entrées, sorties, occupation de l’espace ? Le 4ème mur est-il présent ou brisé, ou jeu avec les deux ? Déplacements, trajectoires ? Dynamique du (des) corps dans l’espace scénique ?

Quel rapport avec les spectateurs ?

 

III Les partis pris de mise en scène

Il s’agit de tenter de dégager les lignes de forces de cette mise en scène, d’analyser le projet.

Typologie de la mise en scène : les catégories les plus fréquentes de mise en scène (selon Patrice Pavis in Analyse des spectacles) :

-mise en scène naturaliste : la scénographie, le jeu, le rythme se donnent comme imitation très précise du réel (mimésis).

-mise en scène réaliste : le réel n’est plus rendu photographiquement comme dans le cas précédent mais il est codifié en un ensemble de signes : la mimésis est sélective, critique et globale.

-mise en scène symboliste : la réalité représentée est une vision mentale du monde réel. Les signes sont de l’ordre du symbole ou de l’allégorie.

-mise en scène expressionniste : certains traits du réel sont nettement soulignés, proches de la caricature.

-mise en scène théâtralisée : au lieu d’imiter le réel, les signes de la représentation insistent sur le jeu qui se montre comme jeu, la fiction affichée, la désignation du fait théâtral.

D’autres esthétiques peuvent surgir en instaurant de nouvelles catégories. L’esthétique théâtrale ne cesse de se remettre en question et de se réinventer. Si vous ne savez pas dans quelle « catégorie » ranger une mise en scène, prenez soin d’en dégager ce qui vous semble le plus frappant, la question étant toujours de savoir comment elle se situe par rapport à la représentation du réel et au texte.

- Rapport au texte: quel rapport cette mise en scène entretient-elle avec le texte, si texte il y a ?

Le théoricien Robert Abirached distingue  trois  statuts de la mise en scène :

-la mise en scène est au service du texte

-La mise en scène est une écriture scénique autonome possédant son propre langage (le texte est absent ou secondaire)

-La mise en scène se sert de la matérialité du texte plus que de son sens pour créer un événement théâtral.

- Rapport à l’époque d’écriture du texte ? Reconstitution archéologique, actualisation, modernisation, adaptation, réécriture ? Lecture historique, politique, sociologique, poétique, etc. ?

- Quelle vision de l’homme et du monde se dégage de cette mise en scène ?

IV.     Commentaire personnel

Il ne s’agit pas de donner simplement son avis mais d’apprécier ce que l’on a vu en fonction du plaisir ou déplaisir que l’œuvre a pu produire. Tentez de faire la part des choses entre le travail reconnu, ce que vous avez décodé et compris du projet spectaculaire et le degré de plaisir que vous avez éprouvé. Pour ce faire, n’hésitez pas à évoquer des moments de la représentation qui vous ont particulièrement frappé(e), intéressé(e), choqué(e), touché(e), et dites pourquoi. Le meilleur des cas est celui où se conjuguent plaisir, sensibilité et réflexion.

 

Une conclusion rassemblant l’essentiel des parties précédentes

 

Méthode de rédaction :

Le choix du plan vous appartient : l’essentiel, c’est de rédiger et d’éviter absolument le catalogue, la juxtaposition des analyses. Il faut construire un plan, suivre un fil directeur : soit vous partez des différents éléments de la représentation (1.la scénographie, 2. le jeu, 3. Les partis pris de mise en scène) en mettant en évidence tout au long du travail les choix opérés par la mise en scène, soit vous partez de deux ou trois partis pris de la mise en scène déduits de votre analyse préalable et vous les développez en vous aidant de la grille d’analyse dans son déroulement. Donnez toujours la priorité à la scénographie avant d’évoquer le travail des acteurs : le jeu s’inscrit toujours dans un espace.

Efforcez-vous de ne pas vous perdre dans les détails, ne cherchez pas à tout dire car c’est impossible. Visez la clarté et la fluidité et tâchez toujours de donner à voir la représentation à quelqu’un qui ne l’aurait pas vue. Intégrez de façon judicieuse et évocatrice des dessins, croquis, photos.  Utilisez les documents mis à votre disposition.

 

Date de dernière mise à jour : 30/08/2020

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